Les jeunes, en tant que citoyens engagés, sont à la fois décrits comme une force révolutionnaire ou comme des désintéressés et des apathiques (Galland, Roudet, 2005 ; Loncle et al., 2012; Martelli, 2013). C’est à la fin des années 1990 que la question de leur engagement est revenue au cœur d’un débat intense opposant deux perspectives : d’une part, un point de vue pessimiste qui tend à décrire les jeunes contemporains comme étant en retrait (Putnam, 2001 ; Patterson, 2002 ; Wattenberg, 2012), d’autre part, un point de vue plus optimiste selon lequel les jeunes d’aujourd’hui sont engagés et participent d’une manière nouvelle, que la sociologie et les autres sciences sociales n’ont pas encore profondément analysée (Ekman, Amnå, 2012 ; Sciolla, 2012).  Cependant, la nature de ce rôle engendre un autre débat sur le comportement de certains jeunes, qu’ils soient engagés ou non dans la communauté.

Les chercheurs qualifient parfois cet engagement de « non civique ». On entend par engagement civique le fait de participer activement et positivement à la vie sociale et politique d’une communauté. Selon Ramanamihanta (2019), le “sens civique” et l’implication des citoyens au sein d’une société ont des conséquences positives sur le bon fonctionnement des institutions, le bien-être des individus et la croissance économique. Dans notre société, le manque de sens civique représente principalement une série de violations des codes de bienséance, de politesse et de vie en communauté. Un autre comportement qui traduit l’engagement civique des jeunes est la consommation raisonnée de ressources non renouvelables, dite également consommation éco-responsables

D’autre part, l’émergence du numérique dans notre monde réinvente notre future et annonce l’émergence d’une humanité connectée. Ces mutations transmettent également le message de l’intelligence collective, du civisme numérique (digital civics) et du vivre ensemble. Selon Goldsmith et Crawford (2014), il ne s’agit pas seulement d’un système de flux numérisés, mais plutôt de personnes qui peuvent générer des “externalités positives” en raison de leur conscience et de leur volonté d’améliorer la qualité de leur environnement. 

Par ailleurs, le tournant numérique a eu des impacts très perceptibles dans nos interactions sociétales. L’utilisation de l’IA et des algorithmes de plus en plus performants engendrent des questions d’éthique et de morale. Selon Beauchamp et Childress (2019), l’éthique des TIC a pour objectif principal d’analyser leur influence sur les utilisateurs ou la société. Il aborde à ce propos les aspects du respect de l’autonomie (consentement éclairé), de l’absence de nuire (non-maléficience, sécurité, isolement, discrimination…), de la bénéficience (orientation de l’action vers le bien, proportionnalité des moyens et des fins) et de la justice (accessibilité, solidarité sociale, inclusion et exclusion, non-discrimination, égalité d’opportunités, solidarité sociale, inclusion). Afin de tenir compte des particularités du numérique, il est également important de préserver la vie privée et les principes de protection des données à caractère personnel tels qu’ils sont définis dans le contexte marocain et inscrits dans la loi 09-08.

Ces questions d’engagement civique, de civisme numérique, d’éthique et d’autres problématiques liées aux jeunes face aux défis actuels de leurs environnement, feront l’objet d réflexion, de débats et d’échanges intergénérationnel lors de l’UJL-2024.